Je ne me rappelle pas quand exactement le « vide intérieur » a commencé à prendre la place de mon amour propre et de ma confiance en moi…
Ce vide s’est installé progressivement dans mon enfance pour prendre une place importante dans mon adolescence et surtout dans ma vie de jeune adulte. J’ai alors adopté des masques pour plaire, pour être acceptée, pour être aimée et approuvée… pour sembler « normale ». Porter ces masques m’a amené à développer des peurs irréelles difficiles à gérer. Au fil du temps, j’ai trouvé divers moyens de les gérer.
Des moyens destructeurs pour s’aimer et se sentir aimée
À l’adolescence, je voulais essayer toutes les substances et boissons alcoolisées que mes amis consommaient. J’ai pris mes premières « cuites » et commencé à fumer très jeune pour faire comme les autres. Il était impératif pour moi de suivre les autres, peu importe les circonstances.
J’avais si peur de ne pas être aimée, cela m’envahissait et je me suis mise à croire qu’il fallait que je ressemble le plus possible aux « standards » de beauté de notre société. J’avais l’impression que cela me donnerait de la valeur.
Selon la « Germaine » qui m’habitait et qui dialoguait avec moi, c’était la meilleure chose à faire pour avoir l’amour de mes pairs. Je me suis donc mise au régime pour perdre des kilos et ressembler à ces filles sur les couvertures des magazines. Elles avaient l’air si heureuses, je pourrais sûrement l’être aussi.
J’ai côtoyé l’anorexie pendant 6-7 ans. Elle revient encore me dire bonjour à l’occasion. Grâce à une thérapie interne et externe, j’arrive aujourd’hui à maintenir un poids « santé » et avoir une image de moi plus juste et aimante.
Je me sentais tellement en contrôle d’une vie qui me glissait entre les doigts.
Par la suite, l’alcool a pris la place du contrôle alimentaire. C’était pour moi une façon de gérer mon anxiété et ma solitude. L’alcool est devenu rapidement une habitude quotidienne récurrente. J’ai su dès le début que j’avais un problème de consommation. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de conduire en état d’ébriété, de faire et dire des choses qu’aujourd’hui je regrette sincèrement. Durant mes dernières années d’alcoolisme, j’ai ajouté des substances pour me tenir éveillée le jour. J’avais l’air normale, j’avais un bon travail, mais à l’intérieur de moi je souffrais énormément.
Avec le temps, l’alcool a cessé de m’aider à gérer mon anxiété, il ne faisait plus le travail. Après une dizaine d’années de consommation quotidienne, j’ai décidé d’aller consulter une thérapeute et des groupes de soutien pour m’aider à arrêter. Ce fut de nombreuses heures de thérapie individuelle et de groupe, tant à l’interne qu’en cabinet privé. Aujourd’hui, je constate que c’était le meilleur investissement de temps et d’argent que j’ai fait pour moi-même.
Un travail difficile et quotidien pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois
Je ne me sers plus du tabac, de l’alcool, des substances ou même de mon alimentation pour gérer mes émotions. J’exprime ce que je vis et je prends en charge mes besoins. J’adopte des comportements plus sains pour moi-même et les gens que j’aime. J’affronte mes difficultés au lieu de fuir. C’est un travail quotidien que je choisis de faire avec enthousiasme par amour pour moi.
Je ne remercierais jamais assez les thérapeutes et amis qui m’ont soutenu durant ce processus de changement ; un jour à la fois. Pour changer et avoir des résultats différents, il faut faire les choses différemment !
Malorie P. (Pseudo anonymisé)
Merci pour ce partage et pour ce travail d’introspection! Je suis certaine qu’il va résonner chez plusieurs personnes et qu’ils vont se retrouver dans ta quête d’être acceptée. Tu as su trouver en toi, l’amour que tu cherchais à l’extérieur. Quel cheminement! Bravo pour ce texte que tu nous livres ici avec tant de transparence. Avec toute notre reconnaissance!